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Les soirées de la philo
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« On ne peut penser et écrire qu’assis (G. Flaubert). Je te tiens là, nihiliste ! Rester assis, c’est là précisément le péché contre le Saint-Esprit. Seules les pensées qui vous viennent en marchant ont de la valeur. »
« Qu'on lise les livres allemands. On y a complètement oublié qu’il faut apprendre à penser comme on apprend à danser, comme une sorte particulière de danse. Qui parmi les Allemands connaît encore, d’expérience, ce léger frisson que la démarche légère de l’esprit répand dans tous les muscles ? On ne peut exclure la danse, sous toutes ses formes, d’une éducation raffinée : savoir danser avec ses pieds, avec les idées, avec les mots. Est-il encore besoin de dire que l’on doit aussi savoir danser avec sa plume, qu’il faut apprendre à écrire. »
« Nous ne savons ce que peut un corps, de quelle activité il est capable. Et c'est pourquoi il faut sans cesse libérer sa puissance en le déchaînant de ses entraves. L'activité du corps est, au point de vue intellectuel, supérieure à notre conscience, à notre esprit, à nos façons conscientes de penser, de sentir et de vouloir, de la même façon que l'algèbre est supérieure à la table de multiplication. »
« C'est aux contempteurs du corps que je veux dire mon opinion. Ils ne doivent pas changer de méthode pour apprendre et enseigner, mais seulement dire adieu à leur propre corps — et ainsi devenir muets. « Je suis corps et âme » — ainsi parle l’enfant. Et pourquoi ne parlerait-on pas comme les enfants ? Mais celui qui est éveillé et conscient dit : Je suis corps tout entier et rien autre ; l’âme n’est qu’un mot pour une parcelle du corps. Le corps est un grand système de raison, une multiplicité avec un seul sens, une guerre et une paix, un troupeau et un berger. Instrument de ton corps, tel est aussi ta petite raison que tu appelles esprit, mon frère, petit instrument et petit jouet de ta grande raison. Tu dis « moi » et tu es fier de ce mot. Mais ce qui est plus grand c’est — ce à quoi tu ne veux pas croire — ton corps et son grand système de raison. »
« Il y a plus de raison dans ton corps que dans ta meilleure sagesse. Et qui donc sait à quel point ton corps a précisément besoin de ta meilleure sagesse ? Le soi dit au moi : « éprouve des douleurs ! » Et il souffre et réfléchit à ne plus souffrir — et c’est à cette fin qu’il doit penser. Le soi dit au moi : « éprouve des joies ! ». Alors il se réjouit et réfléchit à se réjouir encore souvent — et c’est à cette fin qu’il doit penser. Je veux dire un mot aux contempteurs du corps. Qu’ils méprisent, c’est ce qui fait leur estime. Qu’est-ce qui créa l’estime et le mépris et la valeur et la volonté ? Le soi créateur se créa l’estime et le mépris, et le la joie et la peine. Le corps créateur se créa l’esprit comme une main de sa volonté. Encore dans votre folie et dans votre mépris, vous servez votre soi, vous autres contempteurs du corps. Je vous le dis : votre soi lui-même veut mourir et se détourne de la vie. Il n’est plus capable de faire ce qu’il aimerait le mieux : créer au-dessus de lui-même. Voilà son désir préféré, voilà toute son ardeur. Mais il est trop tard pour cela : — ainsi votre soi veut disparaître, ô contempteurs du corps. C’est pourquoi vous en voulez à la vie et à la terre. Une envie inconsciente est dans le regard louche de votre mépris. Je ne marche pas sur votre chemin, contempteurs du corps ! Vous n’êtes point pour moi des ponts vers le Surhumain ! — Ainsi parlait Zarathoustra. »
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