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Les soirées de la philo
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« En toutes les parties de la Nature il y a des merveilles ; on dit qu’Héraclite, à des visiteurs étrangers qui, l’ayant trouvé se chauffant au feu de sa cuisine, hésitaient à entrer, fit cette remarque: ‘entrez il y a des dieux aussi dans la cuisine.’ Eh bien, de même, entrons sans dégoût dans l’étude de chaque espèce animale : en chacune, il y a de la nature et de la beauté. »
« Une voix d’hommes sortait du milieu des vaches ; et il était visible qu’elles avaient toutes tourné la tête du côté de leur interlocuteur. Alors Zarathoustra s’élança en hâte vers la hauteur et il dispersa les animaux, car il craignait qu’il ne soit arrivé malheur à quelqu’un, ce que la compassion des vaches aurait difficilement pu réparer. Mais en cela il s’était trompé ; car, voici, un homme était assis par terre et semblait encourager les animaux à ne point avoir peur de lui. C’était un homme paisible, un prédicateur de montagnes, dont les yeux prêchaient la bonté même. « Que cherches-tu ici ? » s’écria Zarathoustra avec stupéfaction. « Ce que je cherche ici ? répondit-il : la même chose que toi, trouble-fête ! c’est-à-dire le bonheur sur la terre. C’est pourquoi je voudrais apprendre de ces vaches. Car, sache-le bien, voilà une demie matinée que je leur parle déjà, et elles allaient me répondre. Pourquoi donc les troubles-tu ? Si nous ne retournons en arrière et ne devenons comme les vaches, nous ne pouvons pas entrer dans le royaume des cieux. Car il y a une chose que nous devrions apprendre d’elles : c’est de ruminer. Et, en vérité, que servirait-il que l’homme gagnât le monde tout entier, s’il n’apprenait pas une chose, s’il n’apprenait pas à ruminer ! Il ne perdrait pas sa grande affliction — sa grande affliction qui s’appelle aujourd’hui dégoût. Et qui n’a pas aujourd’hui le coeur, la bouche et les yeux pleins de dégoût ? Toi aussi! Toi aussi ! Mais regarde donc ces vaches ! »
« Nous commençâmes à souper, et Socrate ne venait point. A chaque instant, Agathon voulait qu'on l'envoyât chercher ; mais j'empêchais toujours qu'on ne le fît. Enfin Socrate entra, après nous avoir fait attendre quelque temps, selon sa coutume, et comme on avait à moitié soupé. Agathon, qui était seul sur un lit au bout de la table, le pria de se mettre auprès de lui. - Viens, dit-il, Socrate, que je m'approche de toi le plus que je pourrai pour tâcher d'avoir ma part des sages pensées que tu viens de trouver ici près ; car j'ai la certitude que tu as trouvé ce que tu cherchais ; autrement tu serais encore à la même place. - Quand Socrate se fut assis : plût aux dieux, dit-il, que la sagesse, Agathon, fût quelque chose qui pût couler d'un esprit dans un antre, quand deux hommes sont en contact, comme l'eau coule, à travers un morceau de laine, d'une coupe pleine dans une coupe vide ! Si la pensée était de cette nature, ce serait à moi de m'estimer heureux d'être auprès de toi : je me remplirais, ce me semble, de cette bonne et abondante sagesse que tu possèdes ; car pour la mienne, c'est quelque chose de médiocre et d'équivoque, c'est un songe, pour ainsi dire. La tienne, au contraire, est une sagesse magnifique et riche des plus belles espérances, témoin le vif éclat qu'elle jette dès ta jeunesse et les applaudissements que plus de trente mille Grecs viennent de lui donner. - Tu es un railleur, reprit Agathon ; mais nous examinerons tantôt quelle est la meilleure, de ta sagesse ou de la mienne, et Bacchus sera notre juge. Présentement ne songe qu'à souper. »
« On ne vit pas de ce qu’on mange, mais de ce qu’on digère ; mais combien peu savent ce qu’ils font quand ils digèrent ! »
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