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Les soirées de la philo
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« Il semble certain que, de quelque manière que nous puissions imaginer sentir une liberté en nous-mêmes, un spectateur peut communément inférer nos actions de nos motifs et de notre caractère; et même quand il ne le peut pas, il conclut en général qu'il le pourrait, s'il connaissait parfaitement toutes les circonstances de notre situation et de notre tempérament, et les ressorts les plus secrets de notre caractère et de nos dispositions. Or c'est l'essence même de la nécessité, selon la précédente doctrine. »
« La conscience tient le moi au courant de tous les processus importants qui se passent dans les rouages psychiques. (…) Le moi se sent mal à l'aise, il rencontre des limites à son pouvoir à l'intérieur de sa propre maison, l'âme. Des pensées surgissent soudain dont on ne sait d'où elles viennent ; et l'on ne peut rien faire pour les chasser. (...) Ou bien surviennent des impulsions qui ressemblent à celles d'un étranger, si bien que le moi les dénie, mais il ne peut s'empêcher de les redouter et de prendre à leur encontre des mesures préventives. (…) Dire que les processus psychiques sont en eux-mêmes inconscients, ne sont accessibles au moi et ne sont soumis à celui-ci que par le biais d'une perception incomplète et peu sûre, revient à affirmer que le moi n'est pas maître dans sa propre maison. (Cela représente) la troisième vexation infligée à l'amour-propre, celle que j'aimerais appeler la vexation psychologique. Rien d'étonnant de ce fait à ce que le moi n'accorde pas sa faveur à la psychanalyse et lui refuse obstinément tout crédit. Très rares sont sans doute les hommes qui ont aperçu clairement les conséquences considérables du pas que constituerait pour la science et la vie l'hypothèse de processus psychiques inconscients. »
« Tout est permis si Dieu n’existe pas, et par conséquent l’homme est délaissé, parce qu’il ne trouve ni en lui ni hors de lui une possibilité de s’accrocher. Il ne trouve d’abord pas d’excuse. (…) Si, d’autre part, Dieu n’existe pas, nous ne trouvons pas en face de nous des valeurs ou des ordres qui légitimeront notre conduite. Ainsi nous n’avons ni derrière nous ni devant nous, dans le domaine lumineux des valeurs, des justifications ou des excuses. Nous sommes seuls, sans excuses. C’est ce que j’exprimerai en disant que l’homme est condamné à être libre. Condamné parce qu’il ne s’est pas crée lui-même, et par ailleurs cependant libre, parce qu’une fois jeté dans le monde il est responsable de tout ce qu’il fait. (…) L’homme n’est rien d’autre que ce qu’il fait. (…) Quand nous disons que l’homme se choisit, nous entendons que chacun d’entre nous se choisit, mais par là nous voulons dire aussi qu’en se choisissant il choisit tous les hommes. »
« Ainsi je ne me désolidariserai pas d’une défaite qui, souvent, m’humiliera. Je suis de France. La France formait des Renoir, des Pascal, des Pasteur, des Guillaumet, des Hochedé. Elle formait aussi des incapables, des politiciens et des tricheurs. Mais il me il paraît trop aisé de se réclamer des uns et de nier toute parenté avec les autres. La défaite divise. La défaite défait ce qui était fait. Il y a, là, menace de mort : je ne contribuerai pas à ces divisions, en rejetant la responsabilité du désastre sur ceux des miens qui pensent autrement que moi. Il n’est rien à tirer de ces procès sans juge. Nous avons tous été vaincus. Moi, j’ai été vaincu. Hochedé a été vaincu. Hochedé ne rejette pas la défaite sur d’autres que lui. Il se dit : « Moi, Hochedé, moi de France, j’ai été faible. La France de Hochedé a été faible. J’ai été faible en elle et elle faible en moi. » Hochedé sait bien que, s’il se retranche d’avec les siens, il ne glorifiera que lui seul. Et, dès lors, il ne sera plus le Hochedé d’une maison, d’une famille, d’un Groupe, d’une patrie. Il ne sera plus que le Hochedé d’un désert. Si j’accepte d’être humilié par ma maison, je puis agir sur ma maison. Elle est de moi, comme je suis d’elle. Mais, si je refuse l’humiliation, la maison se démantibulera comme elle voudra, et j’irai seul, tout glorieux, mais plus vain qu’un mort. Pour être, il importe d’abord de prendre en charge. Or, voici quelques heures à peine, j’étais aveugle. J’étais amer. Mais je juge plus clairement. De même que je refuse de me plaindre des autres Français, depuis que je me sens de France, de même je ne conçois plus que la France se plaigne du monde. Chacun est responsable de tous. La France était responsable du monde. La France eût pu offrir au monde la commune mesure qui l’eût uni. La France eût pu servir au monde de clef de voûte. Si la France avait eu saveur de France, rayonnement de France, le monde entier se fût fait résistance à travers la France. Je renie désormais mes reproches au monde. La France se devait de lui servir d’âme, s’il en manquait. La France eût pu rallier à soi. (…) La communauté spirituelle des hommes dans le monde n’a pas joué en notre faveur. Mais, en fondant cette communauté des hommes dans le monde, nous eussions sauvé le monde et nousmêmes. Nous avons failli à cette tâche. Chacun est responsable de tous. Chacun est seul responsable. Chacun est seul responsable de tous. Je comprends pour la première fois l’un des mystères de la religion dont est sortie la civilisation que je revendique comme mienne : « Porter les péchés des hommes... » Et chacun porte tous les péchés de tous les hommes. Qui voit là une doctrine de faible ? Le chef est celui qui prend tout en charge. Il dit : J’ai été battu. Il ne dit pas : Mes soldats ont été battus. L’homme véritable parle ainsi. Hochedé dirait : Je suis responsable. Je comprends le sens de l’humilité. Elle n’est pas dénigrement de soi. Elle est le principe même de l’action. »
« Travaillons à bien penser, voilà le principe de notre morale. »
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