Il semble que la morale soit, ordinairement, une affaire d’homme à homme. Je ne réponds en effet de mes actes que lorsqu’ils engagent l’humain – une autre personne, ou moi-même. L’homme est un sujet moral – l’homme ou, s’il existe, un autre être pensant, qui nous ressemblerait, ou auquel nous ressemblerions. Mais qu’en est-il du non-humain ? Peut-on fauter contre ce qui vit, mais qui ne pense pas, ne parle pas, qui ne montre pas de conscience ? Qu’en est-il de l’animal ? Ordinairement, nous ne nous en préoccupons pas beaucoup : nous capturons l’animal, nous l’enfermons, nous l’attachons, nous l’exploitons, nous le tuons, et à la fin nous le mangeons – en toute tranquillité… Mais il faut peut-être nous laisser inquiéter. Pouvons-nous exclure de notre devoir moral un être vivant, au seul motif qu’il n’est pas humain comme nous ? Avons-nous des devoirs envers tous les vivants ?