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Que le monde est mauvais, c’est là une plainte aussi ancienne que l’histoire, bien plus ancienne que le plus vieux de tous les poèmes… Nous avons en commun, affirme Kant, l’expérience de l’insatisfaction – le sentiment de ne pas trouver, dans le monde qui nous entoure, quelque chose qui puisse nous combler vraiment. Et pourtant, nous continuons avec persévérance à chercher le bonheur : à bien y regarder, la moindre de nos actions tend vers cette fin ultime, ce souverain bien qui marquerait la réussite enfin accomplie de nos vies. Cette recherche a-t-elle un sens ? Arriverons-nous un jour au but ? Pouvons-nous espérer être heureux ?

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Considérer l’animal, c’est toujours s’inquiéter de nous-mêmes. Qui sommes-nous par rapport à lui ? La question est moins évidente qu’il n’y paraît. Pendant longtemps, la nature autant que la culture ont semblé séparer, de façon indépassable, l’humain du reste du vivant. De fait, rien n’est plus commun que de parler du “propre de l’homme”, qu’il s’agisse de la raison, de la conscience, du sentiment, du rapport au temps ou de la relation aux autres. Mais voilà que ces certitudes ancestrales se trouvent soudainement bouleversées.

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