Que sont devenues nos histoires ? Ce qui s’est passé avant l’instant présent semble avoir disparu pour toujours de l’horizon de nos vies et pourtant, est-ce vraiment la même chose que d’avoir été et de n’être rien ? Est-ce vraiment la même chose que d’avoir existé un jour et d’avoir disparu pour toujours que de n’avoir jamais été ? Cette histoire, cette mémoire, ces traces de nos existences passées : comment pourrions-nous les retrouver, comment chercher la piste, le lieu où se trouve tout ce qui s’est déposé de nos vies jusque dans cet aujourd’hui que nous partageons maintenant ? Où est passé le passé ?
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Que gagne-t-on à perdre son temps ? Le temps est sans doute l’un des biens les plus précieux que nous puissions posséder. Et pourtant nous ne le possédons jamais tant que nous puissions être certains de ne le perdre jamais. Que gagne-t-on à disposer de ce temps qui est devant nous, de ce temps que nous possédons et que nous dépensons nécessairement puisque de toutes façons il court ? Que gagne-t-on à vivre d’un temps qui soit totalement maitrisé ou au contraire à relâcher dans notre temps des actions de notre présent ? Faut-il tenter de tout contrôler du temps qui passe sans nous ? Ou faut-il au contraire le garder pour soi ? Que gagne-t-on à perdre son temps ?
Nous ne sommes pas seuls, et dans la société qui fait notre expérience quotidienne nos libertés se rencontrent, s’entrechoquent souvent, se heurtent parfois frontalement. Nous avons été blessés par les autres, et nous les avons blessés. Nul ne peut dire qu’il n’a jamais fait de tort à personne ; et nul non plus, sans doute, que personne ne lui en a fait. De ces fautes commises, ou subies, nous pouvons effacer le reproche : le pardon est nécessaire pour éviter que la vie en société ne devienne bientôt un enfer. Mais jusqu’où est-il nécessaire ? Jusqu’où même est-il possible ? La souffrance est parfois irréparable ; quand le mal commis par autrui m’a plongé comme en enfer, ne serait-il pas fou de vouloir encore pardonner ? N’y a-t-il pas des fautes qui resteront irrémissibles, ineffaçables, indépassables ? Peut-on vraiment tout pardonner ?
Quelle époque nous vivons ! La succession des événements qui se déroule sous nos yeux nous donne le sentiment étrange et un peu vertigineux que nous sommes parvenus à un moment de tournant de notre histoire, de celle de notre société, et peut-être de l’histoire du monde… Mais n’est-ce pas le sentiment qu’ont partagé toutes les générations avant nous ? L’impression que quelque chose est en train de se passer qui va bientôt se dévoiler, que l’histoire, pour tout dire, se dirige vers un but déterminé que nous devrions comprendre, que nous devrions déjà voir, et qu’ainsi nous pourrions prévoir… Mais les choses sont-elles si simples ? Après tout, dans le tumulte du présent comme dans la connaissance du passé, ce qui apparaît est plutôt indéterminé, chaotique, injuste et absurde même… Faut-il lire dans le passé la trace du destin qui s’écrit ? Que se passe-t-il dans ce qui passe ? Sommes-nous conduits quelque part par le fracas des événements, ou totalement abandonnés à une absolue contingence ? L’histoire a-t-elle un sens ?
La technique traverse nos vies, sous toutes ses formes : machines, robots, smartphones, ordinateurs… Elle assiste notre travail, augmente nos loisirs, renforce nos corps. Les experts prennent en charge nos problèmes politiques, et les réseaux sociaux nos problèmes affectifs. Les progrès de la technologie semblent nous promettre une toute-puissance prochaine, annulant la distance, le temps, et peut-être la mort elle-même… Mais dans son pouvoir inédit, la technique nous sert-elle vraiment ? Que pouvons-nous attendre de la technique – une promesse, ou un mirage ? Lire la suite