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Vous vivez certainement des aventures exceptionnelles dans le quotidien de vos vies, mais il est aussi parfois nécessaire de sortir de l’ordinaire pour se réfugier, s’enfuir dans la poésie… C’est une chose bien étrange de voir la philosophie s’inquiéter de la poésie. Peut être aurons-nous ce soir l’occasion de vivre la controverse originaire qui a donné naissance à cette discipline de la pensée… Il n’en reste pas moins que nous avons besoin de cet ornement pour embellir nos vies. Peut-on vivre sans poésie ?
Vous êtes tous des gens sérieux. Mais, à vous tous, il est déjà arrivé un jour de jouer. La question que nous pouvons tenter de nous poser est celle que la raison pose à la légèreté, celle du sens de cette activité à laquelle nous nous occupons lorsqu’il nous arrive de laisser le libre jeu entrer dans nos vies. Quel est le sens de ce moment donné à ce qui n’a pas, semble-t-il, d’utilité véritable ? Quel est le sens de la gratuité d’un instant livré à l’activité du jeu ? Pourquoi jouer ?
Dans notre vie – dans notre existence personnelle comme dans notre existence collective – il y a des règles à suivre, des impératifs moraux auxquels nous avons été conduits par notre éducation et auxquels nous sommes reconduits chaque jour. Mais qui garantit, à la fin, la nature et l’efficience de ces impératifs moraux ? Si le monde est vide de Dieu, sans transcendance, y a-t-il encore un sens à respecter ce qui nous a été décrit depuis notre enfance – et depuis l’enfance de l’humanité hantée par ses croyances – comme le bien et le mal ? Si nous avons appris à nous défaire de ces croyances, faut-il reconnaître que le monde est vide de morale ? Si Dieu n’est pas, tout-est il permis ?
Vous voulez apprendre des choses. J’espère que je serai à la hauteur pour pouvoir les enseigner ! Nous essayons d’apprendre, de connaître la vérité, et cela a été l’objet de nos rencontres précédentes. Mais de ce que nous essayons d’apprendre, le savoir le plus essentiel est celui qui consiste à nous permettre de mieux nous orienter dans cette vie, à nous permettre d’apprendre comment il faut en user, comment nous pouvons nous rapporter au monde qui nous entoure et au vivant qui s’y trouve. Nous pouvons apprendre beaucoup de choses, beaucoup de vérités peut-être, beaucoup de techniques aussi, beaucoup d’arts et d’expériences mais pouvons-nous apprendre ce qu’il y a de plus important. ? Peut-on apprendre à vivre ?
Nous avons passé ensemble une très belle année ! Pouvons-nous en dire autant de chacune de nos existences ? Au long des dernières soirées, des derniers mois, nous aurons peut-être réappris, petit à petit, à nous émerveiller, mais l’émerveillement est-il toujours justifié ? Pour qu’il y ait émerveillement, il faut qu’il y ait de la beauté, il faut qu’il y ait des merveilles. Il peut sembler que dans nos vies, il y a tout sauf du merveilleux, que nous avons chaque jour à faire face aux tracas les plus quotidiens, aux expériences les plus triviales, aux épreuves les plus pénibles. Peut-on dire que la vie est belle ?
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Dans une discussion avec un ami, une question peut se poser : « Mon ami qu’est ce qui t’amène ? Que puis-je pour toi ? En quoi puis-je t’être utile ? » Dans la relation amicale, il semble que l’un donne quand l’autre reçoit. Mais celui qui reçoit, qui prend, trouve-t-il réellement satisfaction ? Celui qui fait d’un ami un moyen peut-il vraiment recevoir ce que cette relation d’amitié peut donner ? La question « à quoi sert » est celle de l’utilité et se pose ordinairement par rapport à un outil qui a un usage propre, qui sert à quelque chose de précis. Mais si l’ami est pour moi un moyen de satisfaction propre, s’il est pour moi comme un outil, est ce qu’alors je ne le perds pas comme ami ? A quoi sert un ami
Conférence animée par Martin Steffens
Noël approche ! Et avec cette fête, la tradition qui l’accompagne, celle de se faire des cadeaux. Peut-être les vôtres sont-ils déjà faits… Mais derrière l’évidence familière de ce rituel se cache en fait quelque chose de très mystérieux. Quelle étrange motivation peut bien conduite un individu rationnel à dépenser pour ce qui semble ne rien lui rapporter du tout ? Bien sûr, le marché profite de tout, et déjà les grands magasins se sont couverts de vitrines qui vous incitent à dépenser. Pourtant cette dépense ressemble bien à une aberration économique. Peut-être ne l’est-elle pas tant qu’elle n’en a l’air ? Quels retours peut bien espérer celui qui donne gratuitement ? Et d’ailleurs, est-ce si gratuit que cela ? Que gagne-t-on à donner ?
La vie pourrait-elle avoir un autre but que la recherche du bonheur ? A première vue, voilà qui semble absurde. Chacun de nos désirs, le moindre de nos actes, tout dans notre existence est, par définition, et bien que nous n’en ayons pas toujours conscience, dirigé vers ce but qu’est notre accomplissement personnel – notre bonheur. Et pourtant, ce but exclusif n’est-il pas le signe d’un égoïsme réducteur, ou une illusion destructrice ?
Que le monde est mauvais, c’est là une plainte aussi ancienne que l’histoire, bien plus ancienne que le plus vieux de tous les poèmes… Nous avons en commun, affirme Kant, l’expérience de l’insatisfaction – le sentiment de ne pas trouver, dans le monde qui nous entoure, quelque chose qui puisse nous combler vraiment. Et pourtant, nous continuons avec persévérance à chercher le bonheur : à bien y regarder, la moindre de nos actions tend vers cette fin ultime, ce souverain bien qui marquerait la réussite enfin accomplie de nos vies. Cette recherche a-t-elle un sens ? Arriverons-nous un jour au but ? Pouvons-nous espérer être heureux ? Lire la suite