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Les soirées de la philo
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Nous avons besoin de parler, mais au-delà de nous entendre nous voulons aussi pouvoir fixer sur le papier le résultat de nos pensées, pouvoir en faire un objet qui dure, qui reste, qui retiennent pour ceux qui nous suivront. C’est l’une des motivations de cette action si singulière qu’est-celle de l’écriture.
Et c’est à cette action que nous allons consacrer cette soirée : pourquoi écrire ?
Avec la liberté, la vie nous a fait un bien embarrassant cadeau. Il nous faut choisir … Tous les jours des petits choix et parfois de très grands choix qui déterminent notre existence. Tous les jours, nous sommes embarrassés d’hésitation, de doutes, d’incertitudes. Que ferons-nous de notre avenir ? Sans doute, il nous est déjà arrivé à tous d’espérer d’être déchargé de cet encombrant fardeau. Avoir la certitude que le choix est déjà fait ou mieux la certitude de ne jamais se tromper : comment faire un choix ?
Ce sera la question de cette septième soirée …
Vous êtes ici peut-être avec l’espoir de trouver quelque chose de changé. Depuis que nous nous sommes quittés à la fin de l’année dernière, vous aussi avez changé, vous êtes nouveaux. Et pourtant, vous êtes aussi les mêmes ! Nous espérons tous changer, nous espérons la rupture qui nous permettrait de voir le monde enfin s’améliorer et qui nous permettrait de progresser nous aussi. Y a-t-il quoi que ce soit qui change dans ce monde ? Est-il possible de trouver quelque chose qui ne soit pas le même que ce que nous n’avons cesser de croiser ? Y a-t-il quelque chose de nouveau ?
Est-ce que quelque chose se passe dans ce monde où tout semble passer sans que rien n’avance vraiment ? De fait, nous sommes des êtres de temps et nous sommes marqués par ce temps qui passe mais qui passe bien souvent en donnant l’impression désespérante et déprimante de faire du surplace. Tout se passe comme si, malgré nos bonnes résolutions et notre désir d’être en marche, nous revenions toujours à cet ancien monde que nous espérions quitter. Un progrès est-il possible ? Peut-on vraiment espérer que les choses s’améliorent un jour et peut-être même qu’elles aillent vers une sorte de fin de l’histoire, vers un but de notre vie collective, de notre vie politique, vers cette utopie à laquelle nous aspirons, vers cette paix universelle et définitive, vers le bonheur enfin partagé, vers la justice enfin réalisée ? Faut-il encore croire au progrès ou faut-il se résigner ? Y a-t-il un progrès dans l’histoire ?
Nous ne sommes pas seuls, et dans la société qui fait notre expérience quotidienne nos libertés se rencontrent, s’entrechoquent souvent, se heurtent parfois frontalement. Nous avons été blessés par les autres, et nous les avons blessés. Nul ne peut dire qu’il n’a jamais fait de tort à personne ; et nul non plus, sans doute, que personne ne lui en a fait. De ces fautes commises, ou subies, nous pouvons effacer le reproche : le pardon est nécessaire pour éviter que la vie en société ne devienne bientôt un enfer. Mais jusqu’où est-il nécessaire ? Jusqu’où même est-il possible ? La souffrance est parfois irréparable ; quand le mal commis par autrui m’a plongé comme en enfer, ne serait-il pas fou de vouloir encore pardonner ? N’y a-t-il pas des fautes qui resteront irrémissibles, ineffaçables, indépassables ? Peut-on vraiment tout pardonner ?
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