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Comment bien agir dans ce monde ? Comment trouver la direction qui donnera à nos existences leur sens plein et entier ? Faut-il essayer de trouver des formules qui permettent de savoir qu’être ? Que devons-nous faire et que devons-nous devenir ? À cette question inquiète, la philosophie a longtemps répondu par le mot de la vertu. Ce mot désormais désuet peut-il retrouver son actualité ? Qu’est-ce qu’une vertu ?

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Est-ce une révolte ? Cela semble bien être une révolution. Les gilets jaunes ont mis Paris en ébullition et la France entière s’inquiète : que va-t-il se passer maintenant ? Vous êtes venus ce soir si nombreux, avec ou sans gilet jaune, pour réfléchir à une question : pouvons-nous vraiment espérer qu’un jour la loi soit juste ? Pouvons-nous espérer un état qui administre la justice ? Faut-il croire à cet idéal ou faut-il renoncer à une utopie ? Faut-il espérer construire ensemble un monde où la loi donne à chacun vraiment ce qui lui revient ? Cette question fondamentale se trouve être d’actualité. Mais elle est d’une actualité de toujours, car elle rejoint le problème essentiel de la politique : faut-il attendre du droit qu’il soit juste ?

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Tout ce qui est autour de nous semble devoir disparaitre. Tout apparait et tout passe, tout change sans cesse. Nous sommes confrontés dans notre recherche de la vérité à ce flux permanent de la réalité, à tout ce qui ne cesse de bouger autour de nous. Et tout ce qui bouge autour de nous semble nous dire que notre regard sur le monde est condamné à l’illusion. Faut-il croire que quelque chose tient ? Faut-il tenir à quelque chose auquel nous pourrons tenir ? Faut-il au contraire renoncer et épouser le flux des choses ? Est-ce que tout passe ?

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Au gré des contingences politiques, des alternances électorales, des situations historiques, l’Etat change de cap, de règles et de motifs. Et pourtant demeure, comme une propriété essentielle, la réalité du pouvoir : l’Etat dispose de la puissance publique, il est la puissance publique. Voilà qui devrait nous inquiéter : cette puissance qui passe de mains en mains, qui peut la contrôler ? Est-elle limitée, arrêtée, bridée ? Y a-t-il des règles qui s’imposent à elle, et qu’elle ne puisse jamais dépasser ? Il semble que ce soit nécessaire ; mais il semble aussi, malheureusement, que ce soit pourtant impossible. Car si l’Etat est le pouvoir, qui est au-dessus du pouvoir ? Ce qui est en jeu ici, c’est la nature même du pouvoir, l’origine de la puissance publique. L’Etat semble n’obéir à personne ; alors, l’Etat peut-il tout ?

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La grande scène du monde politique semble être le lieu continuel du spectacle de tous les vices : fraude, mensonge, cupidité, vol, escroquerie, rivalité, luxure, égoïsme, mégalomanie, trahisons, il n’est que peu de défauts qui ne trouvent à s’illustrer dans la rubrique politique de nos actualités. Et quoi de plus ancien que cette actualité-là… Depuis que la politique est connue, le pouvoir semble toucher à ce qu’il y a de plus noir dans l’homme, de plus bas, de plus médiocre. La politique devrait-elle être morale ? Mais qui a trouvé cette étrange question ? La politique peut-elle être autre chose qu’immorale ? Si l’on se contente d’observer, il ne faut même plus s’indigner – seulement se résigner à ce que le gouvernant ait sa propre logique, indépendante des exigences pures et idéales de l’éthique. Et pourtant, quel sens a la politique si elle ne sert pas un bien ? Et pourquoi faudrait-il s’obliger à obéir à des lois si elles n’ont aucun sens qui puisse rejoindre la quête de notre conscience ? Refusons de nous laisser faire, refusons d’être cyniques et de renoncer au sens même de la politique… Il faut affronter la question, au-delà de toutes les évidences apparentes : la politique peut-elle être morale ?

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Qu’est-ce qui nous fait agir ? Qu’est-ce qui agit en nous ? La société nous demande sans cesse de répondre de nos choix ; mais il n’est pas si naturel, à la réflexion, que nous soyons ainsi concernés, au-delà des années, par les actes que nous avons un jour posés… La responsabilité est-elle l’illusion qui nous empêche d’être vraiment autonomes – ou au contraire l’expression de notre liberté ?

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Il semble bien que l’Etat se définisse comme l’institution à qui, par principe, tout est permis, puisqu’il lui revient de dire le droit. S’engager dans un conflit, prélever le bien privé, user de la menace et de la coercition : tout ce qui est interdit aux particuliers, l’Etat revendique la possibilité de s’y livrer en toute légitimité. Cela signifie-t-il que les citoyens que nous sommes aient le devoir de lui obéir en tout ? Quel pourrait être le critère d’une désobéissance légitime au pouvoir politique ? Existe-t-il une autre loi que la loi de l’Etat ?

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Lorsque vient le moment d’obéir, il semble évident que nous ne sommes plus tout à fait libres. Quelle que soit l’autorité qui m’impose son ordre, elle me commande en effet d’abdiquer ma volonté propre pour plier mon comportement au commandement qu’elle me présente. Au nom de quoi, alors, est-il raisonnable de renoncer à sa liberté ? L’obligation est-elle pure contrainte, et l’obéissance pure soumission ? Réfléchir sur l’acte d’obéir, c’est redécouvrir que la reconnaissance de la loi est peut-être d’abord un effet de ma liberté, et même un fondement sur laquelle l’établir.

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