Dans nos vies, tout est compté, mesuré, calculé. Nous vivons au milieu de l’empire du chiffre. Et le chiffre sert à compter ce qui dans nos vies doit pouvoir être pesé, mis en équation, ce qui constitue les discernements et les choix de nos existences qui s’expriment à travers les nombres, à travers les prix. Le calcul de l’effort et la mesure du bénéfice. Mais y a-t-il quelque chose qui échappe à l’universelle statistique ? Y a-t-il quelque chose qui dans nos existences puisse être la matière d’une forme, la liberté retrouvée, l’expérience du singulier, la rencontre avec l’infini, avec le vide ou l’absolu. Que peut-on faire avec ce qui ne rentre pas dans les équations que la science nous présente ? Qu’est-ce qui ne se compte pas ?
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Que faisons-nous au juste ici ? Que faites-vous ici ? Ou plus exactement, que faisons-nous dans ce monde qui nous entoure et dont la complexité est prisonnière du sens que nous pouvons lui donner ? Quelle est la nature de ce monde dans lequel nous sommes placés ? Nous n’avons pas choisi de naitre, nous n’avons pas choisi d’être et pourtant nous voilà ici. Quel est le sens de l’univers qui nous entoure, de cet univers potentiellement infini, dont le silence peut nous angoisser parce qu’il ne nous dit rien de lui ? Faut-il lui donner un sens ? Faut-il découvrir son sens ? Ou faut-il reconnaitre enfin que l’univers n’a pas de sens , que rien ne peut s’éclairer de ce silence du monde ? Faut-il d’une certaine manière se résigner à l’absurde ou tenter de percer le mystère ? L’univers a-t-il un sens ?
Tout ce qui est autour de nous semble devoir disparaitre. Tout apparait et tout passe, tout change sans cesse. Nous sommes confrontés dans notre recherche de la vérité à ce flux permanent de la réalité, à tout ce qui ne cesse de bouger autour de nous. Et tout ce qui bouge autour de nous semble nous dire que notre regard sur le monde est condamné à l’illusion. Faut-il croire que quelque chose tient ? Faut-il tenir à quelque chose auquel nous pourrons tenir ? Faut-il au contraire renoncer et épouser le flux des choses ? Est-ce que tout passe ?
Depuis que nous sommes tout petits, en même temps qu’à lire et écrire, nous avons appris à compter. Et il nous apparaissait souvent comme une prouesse étonnante de pouvoir compter jusqu’à des nombres de plus en plus grands, de plus en plus compliqués, de plus en plus lointains, jusqu’à l’infini peut-être ? Une vie n’y suffirait pas…
Mais si la difficulté se trouvait aussi, plus discrète et plus cachée de l’autre côté du spectre ? Quelle étonnante énigme se cache derrière le plus proche, le plus simple et le plus nécessaire des chiffres, derrière le 1 ? Le premier de la série est la condition absolue de toutes les opérations. Mais si l’on y réfléchit bien, que signifie exactement être un ? Quelles sont les conditions de l’unité et ses frontières ? Comment compter ce chiffre que l’on ne peut décomposer ? Peut-on encore compter sur lui ? Sait-on encore compter avec lui d’ailleurs ? Quelle place avons-nous ménagé à l’existence du singulier ? Dans cet univers obsédé par les grandes masses et les grandes puissances, par les gros chiffres et les grands comptes ? Peut-on encore compter jusqu’à un ?
Soirée spéciale avec le duo de comédiens Guigue & Plo.