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Vous êtes nombreux, mais sommes-nous ensemble ? Est-ce que quelque chose nous relie ? Ce soir, serai-je compris ? Serai-je rejoint ? Est-ce que vous vous sentirez rejoint dans la réflexion que nous allons partager ensemble, ou bien vous sentirez-vous définitivement ignorés, isolés, esseulés ? Y a-t-il quelque chose qui puisse nous permettre de rompre ce qui nous sépare des autres et qui constitue entre eux et nous une distance qui parfois peut nous sembler essentielle ? Suis-je seul ?

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Au nom de quoi donner sa vie ? Question immense et qui pose sans doute de la manière la plus radicale qui soit la grande question éthique, la question morale fondamentale : ” au nom de quoi donner sa vie ?” Nous vivons dans une période traversée par une forme d’individualisme. L’individualisme n’est pas nécessairement un égoïsme, l’individualisme est une métaphysique qui regarde le monde comme étant composé d’individus dont chacun poursuit ses propres calculs. Dans cette perspective là, il peut être tout à fait adéquat de donner quelque chose si on espère un retour, de donner quelque chose comme une forme d’investissement, de donner de son temps pour un travail rémunéré, de donner de son argent pour pouvoir espérer se lier d’amitié avec quelqu’un ou bien se faire des obligés. Donner peut être très rationnel du point de vue du simple calcul. Donner n’importe quoi peut permettre d’espérer un retour quel qu’il soit. Mais donner sa vie, c’est à dire donner d’une certaine manière tout ce que l’on a, tout ce que l’on est, c’est bien le choix le plus radical qu’on puisse imaginer. Au nom de quoi pourrait-on bien imaginer donner sa vie, sans que cet acte de donner sa vie ne soit assimilable à une sorte de folie ? Au nom de quoi donner sa vie ?

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Comment être sûr de soi dans un monde où rien n’est évident et où rien ne semble certain. Nous avons parlé ensemble de la recherche de la vérité et nous avons parlé ensemble de cette recherche d’un sens qui peut nous orienter dans l’univers où nous vivons. Mais qu’est ce qui pourrait nous faire penser que nous sommes parvenus à une vérité définitivement acquise ? Et comment pourrions-nous espérer qu’un sens soit clairement connu d’une façon vraiment familière ? Comment pourrions-nous obtenir une certitude qui semble parfois se dérober quand nous nous rendons compte que nos opinions les plus assumées étaient en fait bien trop fragiles ? Peut-on être sûr de quoique ce soit ? Comment atteindre une certitude ? Comment être sûrs de ne pas se tromper ?

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Le monde est le spectacle souvent désolant – dans le pire des cas scandaleux, et dans le meilleur absurde – de toutes les étrangetés possibles. De l’erreur, de la faute, de l’injustice impunie, de l’inexplicable souffrance. Mais dans ce monde il arrive que nous vivions l’expérience, ordinaire et miraculeuse pourtant, de l’énigme qu’est la beauté. A quoi peuvent servir les belles choses ? Dans leur fragilité, leur discrétion parfois, les œuvres des hommes et les phénomènes de la nature se conjuguent pour nous émerveiller. Cet émerveillement peut-il quelque chose sur la désolation du monde ? La beauté peut-elle changer quoique ce soit au chaos du réel où elle parvient à naître ?

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La grande scène du monde politique semble être le lieu continuel du spectacle de tous les vices : fraude, mensonge, cupidité, vol, escroquerie, rivalité, luxure, égoïsme, mégalomanie, trahisons, il n’est que peu de défauts qui ne trouvent à s’illustrer dans la rubrique politique de nos actualités. Et quoi de plus ancien que cette actualité-là… Depuis que la politique est connue, le pouvoir semble toucher à ce qu’il y a de plus noir dans l’homme, de plus bas, de plus médiocre. La politique devrait-elle être morale ? Mais qui a trouvé cette étrange question ? La politique peut-elle être autre chose qu’immorale ? Si l’on se contente d’observer, il ne faut même plus s’indigner – seulement se résigner à ce que le gouvernant ait sa propre logique, indépendante des exigences pures et idéales de l’éthique. Et pourtant, quel sens a la politique si elle ne sert pas un bien ? Et pourquoi faudrait-il s’obliger à obéir à des lois si elles n’ont aucun sens qui puisse rejoindre la quête de notre conscience ? Refusons de nous laisser faire, refusons d’être cyniques et de renoncer au sens même de la politique… Il faut affronter la question, au-delà de toutes les évidences apparentes : la politique peut-elle être morale ?

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La vérité n’est pas qu’une affaire de raison, c’est aussi une affaire de cœur. Et de fait, avec tout ce qu’il y a en nous d’affect, nous tenons souvent à nos convictions, à nos croyances, comme à ce qui nous définit, à ce qui nous engage dans le monde. Mais n’est-ce pas un réflexe puéril ? La croyance semble incertaine, jamais totalement rationnelle, toujours impossible à prouver. Rechercher la vérité, c’est aspirer au savoir : et le savoir finit toujours par dépasser la croyance. Dans le monde de la connaissance, dans les progrès de la science, ne devons-nous pas nous faire une raison ? Pour devenir enfin des adultes, est-il temps de n’accepter enfin que des vérités démontrées ?

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Notre vie n’est pas seulement constituée de faits à comprendre, mais aussi de normes à appliquer : depuis que nous avons pris conscience du monde qui nous entoure, nous savons qu’il y a dans ce monde des choses à faire et des choses à ne pas faire. Il y a des devoirs et des interdits, du bien – et du mal. Mais au nom de quoi une règle s’impose-t-elle à notre action ? Est-il naturel pour nous de suivre certains principes ? Et si non, pourquoi faudrait-il faire le bien ?

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