C’est le début d’une nouvelle année… Elle sera pleine d’aventures, de surprises, d’inconnu, mais elle sera aussi pleine de moments de monotonie, de répétitions, de lassitude, d’ennui. Faut-il se révolter lorsque l’ennui vient nous toucher ? Est-ce là un accident de l’existence ou est-ce la condition de l’existence ? Est-ce une sorte de réveil obligé qui nous dit qu’il faut sortir d’une torpeur dans laquelle la vie nous conduit à nous enliser, ou faut-il reconnaitre que la condition humaine est marquée par la banalité, la trivialité, la répétition, par tout ce qui ennuie et ne peut qu’ennuyer ? Faut-il se résigner ? Faut-il accepter de s’ennuyer ?
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Nous avons passé ensemble une très belle année ! Pouvons-nous en dire autant de chacune de nos existences ? Au long des dernières soirées, des derniers mois, nous aurons peut-être réappris, petit à petit, à nous émerveiller, mais l’émerveillement est-il toujours justifié ? Pour qu’il y ait émerveillement, il faut qu’il y ait de la beauté, il faut qu’il y ait des merveilles. Il peut sembler que dans nos vies, il y a tout sauf du merveilleux, que nous avons chaque jour à faire face aux tracas les plus quotidiens, aux expériences les plus triviales, aux épreuves les plus pénibles. Peut-on dire que la vie est belle ?
Comment allez-vous ? Si vous ne vous êtes pas fait tester, vous ne pouvez pas répondre à cette question et aucun d’entre vous ne sait s’il est actuellement en bonne ou en mauvaise santé ! Mais que signifie exactement “être en bonne ou en mauvaise santé” ? C’est le sujet qui nous préoccupe tous en ce moment. Il nous arrive bien souvent de nous souhaiter la santé, aujourd’hui plus que jamais, sans savoir pourtant en quoi elle consiste vraiment. Sommes-nous vraiment en bonne santé ? A partir de quand pouvons-nous dire que nous avons atteint cet état idéal de la vie qui lui permet de durer ? Ou bien sommes-nous tous, par quelques imperfections possibles, au moins un peu fragiles, vulnérables, tous un peu atteints, fêlés ? Sommes-nous tous malades ?
Quel bonheur de recommencer… Et quelle joie de vous retrouver pour cette première soirée de notre huitième Saison. Ce n’est pas la première de nos Soirées ; nous en avons fait tellement ! Mais elle vient après une si longue interruption que nous éprouvons tous ensemble le bonheur de retrouver quelque chose qui ressemble à la vraie vie… Et c’est sur cette expérience que nous allons réfléchir ensemble, l’expérience de recommencer ; parce que nos vies sont peut-être faites plus de recommencements que de commencements, ces recommencements oubliés auxquels on prête trop peu d’attention, obsédés que nous sommes par les origines, les fondements, les débuts… Les moments qui commencent tout nous font oublier que la vie est surtout ce qui toujours recommence. Comment recommencer ?
Qu’est ce qui à part le bonheur de nous retrouver tous les lundis soirs peut bien susciter en nous la joie ? Voilà la question que nous allons partager ensemble pour conclure ensemble ce cycle. Cette question de la joie si singulière, si mystérieuse qui surgit sans avoir été prévue, qui vient sans avoir été attendue et qui lorsqu’elle est espérée, parfois, nous fait défaut. Cette question de la joie qui est si singulière qu’elle se distingue du bonheur, le bonheur grand concept philosophique s’il en est. Mais la joie appartient-elle vraiment à la philosophie, elle qu’on ne sait pas expliquer ? C’est à ce mystère que nous allons tenter de nous confronter ensemble ce soir : d’où vient la joie ?
Dans une discussion avec un ami, une question peut se poser : « Mon ami qu’est ce qui t’amène ? Que puis-je pour toi ? En quoi puis-je t’être utile ? » Dans la relation amicale, il semble que l’un donne quand l’autre reçoit. Mais celui qui reçoit, qui prend, trouve-t-il réellement satisfaction ? Celui qui fait d’un ami un moyen peut-il vraiment recevoir ce que cette relation d’amitié peut donner ? La question « à quoi sert » est celle de l’utilité et se pose ordinairement par rapport à un outil qui a un usage propre, qui sert à quelque chose de précis. Mais si l’ami est pour moi un moyen de satisfaction propre, s’il est pour moi comme un outil, est ce qu’alors je ne le perds pas comme ami ? A quoi sert un ami ?
L’art, nous le savons, ce n’est pas seulement des oeuvres : c’est aussi ce que nous en disons. Notre expérience de l’oeuvre d’art passe par les émotions que nous exprimons, les jugements que nous échangeons, les enthousiasmes et les déceptions, qui peuvent parfois se confronter quand un désaccord survient. Qu’est-ce qui fait qu’une oeuvre est réussie ?
Notre vie n’est pas seulement constituée de faits à comprendre, mais aussi de normes à appliquer : depuis que nous avons pris conscience du monde qui nous entoure, nous savons qu’il y a dans ce monde des choses à faire et des choses à ne pas faire. Il y a des devoirs et des interdits, du bien – et du mal. Mais au nom de quoi une règle s’impose-t-elle à notre action ? Est-il naturel pour nous de suivre certains principes ? Et si non, pourquoi faudrait-il faire le bien ?
La tension du désir anime notre existence : il nous met en mouvement vers l’objet qui, en lui donnant satisfaction, nous offrira le plaisir que nous espérons. Il semble donc évident qu’il faille satisfaire nos désirs. Et pourtant, n’est-ce pas nous engager sur la voie sans fin d’une irrémédiable frustration ? Nous n’avons pas un désir, mais une infinité de désirs ; à peine notre attente comblée, une autre vient la remplacer. Serons-nous jamais satisfaits ? Ne vaut-il pas mieux renoncer à la malédiction du désir, pour nous contenter de notre état ?