“C’est proprement garder les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir, que de vivre sans philosopher.”
Descartes avait raison : dans le clair-obscur de notre monde, nous avons besoin de penser. Partout se fait jour une grande soif de philosophie. Embarqués dans le rythme quotidien de nos vies, absorbés par les préoccupations qui se succèdent, inondés par les messages d’une société médiatique qui communique sans cesse sans jamais rien dire vraiment, nous ressentons tous l’inquiétude de la sécheresse intérieure. Nous avons peur de voir notre vie passer sans que jamais nous soit donné le temps de poser clairement les questions qui permettraient de la construire par des choix vraiment personnels. Nous travaillons, agissons, consommons, mais sans trop savoir pourquoi, ni ce qu’il peut rester d’une liberté authentique dans le poids des exigences sociales, explicites ou implicites, qui pèsent sur nous.
Nous sommes inquiets, sans trop nous le dire, de cette aridité que nous voudrions nous cacher. Dans l’univers des loisirs, du fun et des réseaux sociaux, dans le bruit de fond de la mondanité 2.0, se produit le phénomène paradoxal que Heidegger avait décrit, en citant Nietzsche : « Le désert croît. »
Parce que le désert grandit, et que nous le traversons tous, nous partageons la même soif.
C’est pour répondre à cette attente que les Soirées de la Philo ont été créées. Organisées depuis plus de sept ans par l’association Philia, constituée à cette occasion, elles constituent un cycle qui permettra à chacun, quels que soient ses études, sa profession, son âge, sa situation, de rencontrer les grandes questions de la philosophie, dans leur actualité, d’y trouver l’occasion d’une curiosité partagée, et de développer à leur contact une pensée plus personnelle et plus singulière.
Philia espère ainsi devenir, par cette proposition simple et concrète, l’une des petites oasis qui permettront d’entretenir, dans le désert qui grandit, une source pour nourrir des intelligences vivantes et libres.
François-Xavier Bellamy